Lorsqu’on débute un sport, rapidement, se pose la question de l’achat de son propre matériel et la plongée ne déroge pas à cette problématique. Il y a des achats que l’on fait par confort ou par hygiène, comme la combinaison de plongée ou le gilet stabilisateur, et il y en a d’autres que l’on fait par sécurité, comme le détendeur ou l’ordinateur. Même si le code du sport français n’impose un équipement de calcul de décompression (table et timer ou ordinateur) qu’à partir du N2 de la FFESSM ou de l’autonomie pour SSI ou PADI, beaucoup de plongeurs débutants souhaitent en acquérir un très rapidement. Comment choisir parmi tous les modèles existants, pourquoi y a-t-il un tel écart de prix? Quelle est la différence entre un ordinateur à 200 euros et un à 1 500 euros, quelle marque et quel modèle choisir ?
Qu’est-ce qu’un ordinateur de plongée ?
Tout plongeur, même débutant, sait que respirer de l’air dans un environnement supérieur à la pression atmosphérique a pour effet de saturer les tissus en azote. Cette saturation contraint le plongeur à remonter lentement et à faire des paliers à faible profondeur, afin d’éviter un dégazage intempestif de cet azote provoquant les si redoutés accidents de décompression.
Sans ordinateur, le plongeur, pour effectuer ses paliers de décompression et donc faire surface en toute sécurité, devait utiliser les tables de décompression et un timer (profondimètre et montre). Ne pouvant calculer sa saturation en azote en temps réel, il devait considérer qu’il avait passé toute sa plongée à la profondeur maximale atteinte, ce qui ne va pas dans le sens de l’optimisation et diminue fortement le temps passé sous l’eau. L’ordinateur prend des mesures régulières de temps et de profondeur afin de calculer au plus juste la saturation du plongeur et de limiter son temps de palier. Il garde également en mémoire la saturation résiduelle du plongeur afin de l’intégrer à la décompression d’une plongée successive ou consécutive, le cas échéant. Telle est la fonction de base de tout ordinateur de plongée. Tout comme n’importe quel ordinateur, il intègre un programme, c’est ce qu’on appelle l’algorithme. Vous avez sûrement entendu parler de Bühlmann, RGBM, Pelagic, qui sont les principaux. Je vous renvoie, pour les plus curieux d’entre vous, vers un article sur les algorithmes de plongée.
Revenons à nos moutons sous-marins : l’ordinateur va donc afficher votre profondeur instantanée, votre profondeur maximale atteinte, votre temps de plongée, votre temps avant palier (no dec time), le temps et la profondeur du palier, la température de l’eau, votre vitesse de remontée (avec des alarmes sonores et/ou visuelles), votre taux de saturation d’azote, votre nouvelle courbe de sécurité (afin de planifier une prochaine plongée) et les paramètres des dernières plongées (logbook)… Somme toute, le strict minimum pour assurer votre retour en surface sans encombre.
Les différentes options possibles
Nous avons vu le principe de fonctionnement de base d’un ordinateur. Aujourd’hui, la plongée peut adopter de multiples facettes car les pratiques évoluent et c’est là que, selon vos envies et besoins, le choix d’un ordinateur doit être réfléchi.
Le nitrox
Le nitrox est un air enrichi en oxygène pour limiter la teneur en azote responsable de la saturation des tissus et donc les potentiels accidents de décompression. Il limite le temps de palier, la fatigue du plongeur mais aussi la profondeur d’utilisation, du fait de la toxicité de l’oxygène. Certains ordinateurs possèdent un mode nitrox permettant de calculer les paliers en fonction du mélange respiré. Tous les ordinateurs modernes le prennent en compte jusqu’à 5O% d’O2, la limite en plongée loisir. Dans les pratiques dites Tek, il est possible de plonger à l’air et de faire une décompression avec un gaz contenant plus de 50% d’O2 et jusqu’à 100 %. L’ordinateur doit donc être capable d’intégrer ce changement de gaz respiré afin de calculer au mieux la décompression: c’est ce qu’on appelle les ordinateurs multigaz. Ce genre d’ordinateur peut s’avérer précieux si vous êtes attiré par les plongées profondes, les épaves, les plongées plus engagées et que vous voulez changer de gaz au cours de la plongée.
Le trimix et mode recycleur
Ces modes sont destinés aux plongeurs Tek par excellence. Ils équipent les ordinateurs haut de gamme et n’auront aucune utilité si vous ne vous destinez pas à ce genre de pratique (plongées profondes et plongées techniques).
Apnée
La pratique de la plongée libre (free diving) ou plongée en apnée se développe de plus en plus. Elle nécessite moins de matériel, puisqu’ elle est basée sur l’apnée uniquement : nul besoin de gilet, de bouteille, de détendeur ; tout est basé sur le mental, la capacité pulmonaire et l’entraînement physique. Pourtant, que ce soit pour le chasseur sous-marin ou pour le futur Jacques Maillol, certaines informations sont utiles : la profondeur, le temps d’apnée, le temps de récupération en surface, des alarmes de profondeur ou de temps. L’apnéiste va (et on comprendra aisément pourquoi) faire de nombreux aller-retour entre les profondeurs et la surface, avec des vitesses de remontée rapides, totalement interdites en plongée bouteille. Un ordinateur qui ne possède pas ce mode apnée va considérer cette pratique comme dangereuse et se bloquer, pour éviter l’accident. Il est à noter qu’il ne faut pas confondre le mode free avec le mode gauge qui n’est qu’un mode profondimètre permettant de faire des paliers aux tables mais ne tolérant ni les remontées rapides ni les yoyos. Certains modèles plus perfectionnés sont uniquement dédiés à la pratique de l’apnée et proposent des modes statiques, dynamiques, incorporant des particularités inhérentes à cette pratique. Ce mode est particulièrement indiqué pour les futurs moniteurs FFESSM, instructeurs Padi ou SSI qui seront amenés à enseigner également cette pratique.
Gestion d’air
Pour certains, elle sera un gadget ; pour d’autres, un élément de sécurité : je vous laisse seul juge. La gestion d’air, en tout état de cause, permet grâce à un émetteur branché sur la sortie haute pression de votre détendeur, de voir la pression de votre bouteille affichée sur votre ordinateur. Elle permet également de régler des alarmes de pression pour vous alerter. Certains modèles vous donnent également votre autonomie instantanée en fonction de la profondeur actuelle et des paliers prévus. Même si cette option est séduisante, elle ne dispense pas, selon moi, d’un manomètre classique et d’une bonne connaissance de soi et de sa consommation. Elle est, à mon sens, comparable aux ordinateurs de voiture qui calcule votre autonomie… Une bonne indication qui ne remplace pas l’efficience humaine. Certains ordinateurs haut de gamme permettent la gestion de plusieurs sondes. Ainsi que ce soit pour les plongeurs tek ayant besoin de plusieurs bouteilles ou bien seulement pour un encadrant souhaitant connaître la pression dans la bouteille de ses élèves, cette option peut s’avérer utile.
Compas électronique
Cette option remplace la traditionnelle boussole. Elle permet de prendre des caps et vous indique le chemin du retour pour faciliter l’orientation sous l’eau. Le compas doit cependant être étalonné suivant le lieu de la plongée. Attention : ce n’est pas un GPS, il ne retrouvera pas le bateau à votre place.
Alimentation
De plus en plus d’ordinateurs haut de gamme récents sont aujourd’hui rechargeables, soit par des prises de charge, soit par induction. Là où l’autonomie d’un ordinateur à pile est de l’ordre de 2 à 3 ans selon les modèles et le nombre de plongées effectuées, l’ordinateur rechargeable vous affranchit de cette contrainte de changement de pile (souvent en urgence, la veille de partir en week-end ou voyage) qui peut mettre en péril l’étanchéité, s’il n’est pas fait scrupuleusement. Cependant, l’ordinateur rechargeable requiert une attention particulière : un bon rinçage, pour éviter la corrosion des plots de charge ; une recharge régulière en cas de non utilisation prolongée, pour maintenir l’accu en forme ; un coût plus onéreux en cas de changement de batterie. Il est donc préconisé pour les moniteurs et « gros » plongeurs. Entrent dans cette catégorie le Genius de Mares, le Perdix de Shearwater, le G2 de Scubapro. Les ordinateurs à pile sont plus réactifs, hormis certains modèles comme le Leonardo de Cressi qui ne supporte pas la sous-alimentation et qui se mettent en sécurité : vous pouvez les oublier 10 ans et ils repartent avec une bonne pile dans ces entrailles. C’est le cas du Puck Pro et Quad de Mares, du Screen de Seac.
Affichage
La lisibilité d’un ordinateur est primordiale et elle dépend de l’acuité visuelle de chacun. Les formats montre sont, de fait, moins lisibles mais plus sexy et peuvent être portés au quotidien comme montre ou par les instructeurs et moniteurs. Souvent plus chers, ils peuvent cependant offrir des fonctions inhérentes au format : réveil, chronomètre, fuseau horaire, GPS, multisport. Ainsi, la gamme Garmin propose des modes parachutisme, natation, golf, vélo, ski.
Les écrans couleurs, également, se démocratisent et commencent à équiper des ordinateurs à des prix abordables comme le I330 d’Aqualung ou le très fiable Peregrine de Shearwater. Grâce à un fort contraste, ils augmentent grandement la lisibilité en eaux chargées, plongées profondes et plongées de nuit. Les codes couleurs utilisés rendent la lecture intuitive et rapide pour une meilleure sécurité. Certains ordinateurs entrée et milieu de gamme, sans comporter d’écran couleur, offrent une meilleure lisibilité grâce à un écran large et des caractères de bonnes tailles : c’est le cas du Screen de Seac et du Quad de Mares.
Connectivité
Tous les ordinateurs de plongée peuvent être connectés à un PC ou Mac via une interface USB spécifique, dans le but de créer un logbook digital avec un affichage du profil de plongée. Certains ordinateurs sont équipés de la technologie bluetooth pour un transfert vers un téléphone portable. C’est le cas du I200C et I300C d’Aqualung, du Genius de Mares.
Ma sélection d'ordinateurs pour débuter la plongée à moindre coût
J’aime :
- son prix
- sa lisibilité et son contraste ;
- ses fonctionnalités (nitrox 100%, bi gaz, mode apnée) ;
- sa fiabilité.
J’aime moins :
- son maniement peu intuitif ;
- son look vieillot ;
- le changement de pile, qui requiert un tournevis.
J’aime :
- son prix ;
- ses fonctionnalités (nitrox 100%, bi gaz) ;
- son intuitivité ;
- la facilité du changement de pile (avec une pièce de monnaie) ;
- sa fiabilité.
J’aime moins :
- la lisibilité, limitée ;
- la faiblesse du rétroéclairage ;
- l’absence de mode apnée.
J’aime :
- son prix pour un format montre ;
- son interface bluetooth ;
- son look coloré ;
- ses fonctionnalité (nitrox 100%, bi gaz, mode apnée) ;
- son alarme visuelle à led.
J’aime moins :
- le manque d’autonomie de la pile ;
- Le manque d’intuitivité.
J’aime :
- son prix pour un format montre ;
- ses fonctionnalités (nitrox 100%, bi gaz, mode apnée) ;
- son look coloré ;
- la gestion d’air en option sur la version Smart Air ;
- sa fiabilité.
J’aime moins :
- la fragilité du bracelet ;
- l’absence de bluetooth ;
- le changement de pile, délicat.
J’aime :
- son écran couleur ;
- le fait qu’il soit rechargeable ;
- le bluetooth ;
- ses fonctionnalités (nitrox 100%, 3 gaz, mode apnée) ;
- son prix.
J’aime moins :
- sa fiabilité relative (c’est une nouveauté, qui a subi quelques rappels produits).
J’aime :
- sa lisibilité ;
- ses fonctionnalités (nitrox 100%, 3 gaz, mode projection de décompression)
- sa fiabilité ;
- la gestion d’air en option sur le Quad Air ;
- le changement de pile, facile (avec une pièce de monnaie) ;
- son intuitivité.
J’aime moins :
- l’absence de mode Apnée ;
- la vitesse de remontée, sensible.
Ma sélection d’ordinateur plus haut de gamme :
J’aime :
- sa grande fiabilité ;
- son écran couleur ;
- son interface multilangue ;
- le Bluetooth.
J’aime moins :
- l’absence de compas électronique ;
- l’absence de mode apnée.
J’aime :
- son écran couleur très lisible ;
- le fait qu’il soit rechargeable ;
- ses Fonctionnalités (Multi gaz, nitrox 100%, trimix, compas électronique) ;
- la gestion d’air ;
- son intuitivité ;
- le changement d’accus, facile en atelier ;
- les cartes de sites de plongée.
J’aime moins :
- la broche de charge fragile ;
- la sonde volumineuse ;
- le système de branchement, peu pratique.
J’aime :
- sa fonctionnalité (il fait tout) ;
- son caractère Multisport (ski, natation, golf, running, vélo, parachutisme…) ;
- le GPS, le compas, la cartographie, le baromètre, le cardio, la surveillance du sommeil… ;
- la gestion d’air ;
- le fait qu’il soit rechargeable ;
- son écran couleur.
J’aime moins :
- le prix, forcément justifié.
J’aime :
- sa grande fiabilité ;
- la fonctionnalité Tek pour la plongée profonde ;
- le fait qu’il soit rechargeable induction ;
- sa grande autonomie ;
- son écran couleur ;
- son compas.
J’aime moins :
- son prix.
Si vous êtes plongeur débutant ou occasionnel, une entrée de gamme peut suffire ; par contre, si vous vous projetez comme encadrant, moniteur, instructeur ou même plongeur confirmé attiré par la grotte, la plongée profonde, la plongée de nuit ou la plongée technique, le choix de votre ordinateur doit être approfondi. De même que, si vous pratiquez la plongée sous-marine en combinaison étanche, il sera préférable d’opter sur un modèle compatible avec un bracelet à bungee.
